Les années Vidéo


Art vidéo !

Il semble difficile, voire impossible, de définir d'une manière précise l'art vidéo. Peut-être parce qu'il en existe autant de formes que de pratiques artistiques contemporaines. Peut être aussi parce qu'il oscille constamment entre deux pôles: I'art et la communication.
Disons que l'art vidéo peut définir la production d'un artiste utilisant une caméra électronique reliée à un magnétoscope, relié lui-même à un écran de télévision appelé " moniteur " qui retransmet instantanément l'image filmée par la caméra. Cet appareillage permet d'enregistrer des images et des sons sur une bande magnétique. La caméra saisit l'information, le magnétoscope l'enregistre et le moniteur la retransmet. A partir de ces trois propositions, on peut dire que l'art vidéo est une forme d'expression-le plus souvent artistique - qui utilise des supports picturaux nouveaux.
L'art vidéo (1) est un enfant de la télévision, comme celle ci, est étroitement liée à la fois, à la radio et au cinéma lui-même dérivant directement du théâtre, lié à la photographie. Et les écrits théoriques et critiques sur le medium ont du mal à définir ses caractéristiques propres, faisant référence à la critique d'art traditionnelle, - la bande "objet d'art "- tout autant qu'à l'analyse littéraire et au discours sur la communication. Et cependant, à la différence des autres formes artistiques, l'art vidéo ne s'identifie pas à son matériau objectif - c'est-à- dire sa propre machinerie - mais bien à la manipulation des facteurs psychologiques et humains qui constituent son sujet-même tout autant qu'à la production d'images.
Historiquement, la notion d'art est une connotation des activités picturales ou sculpturales, jouant un rôle de transmission d'informations visuelles, le regard du spectateur donnant sa réalité propre à l'oeuvre. Cette réalité, la vidéo nous l'impose - avec toutefois notre participation tant physique que psychique pour reconstituer ce que la caméra a enregistré. Le message est devenu image et sa représentation, transmission en direct d'événements, d'actions, d'informations. L'oeuvre a changé de code. L'art vidéo se situe en fait entre l'oeuvre d'art, souvent difficile à appréhender sans " clés " et l'émission télévisée informative/narrative.

(1)

A - Le magnétoscope: Une bande électromagnétique défile devant des têtes de lecture; elle peut avoir 1/2 pouce, 3/4 de pouce ou même 1 ou 2 pouces de large; sa durée n'excède généralement pas 60 minutes. Elle est fragile. Au début, on utilisait dans les portables des bandes " open reel " de 1/2 pouce. Actuellement l'on préfère les cassettes 3/4 de pouce d'une utilisation plus simple.

B - Le moniteur: Pour la couleur, la France utilise le procédé S.E.C.A.M. alors que les autres pays européens lui préfèrent le procédé P.A.L. et que les EtatsUnis n'utilisent que le système N.T.S.C., ce qui ne facilite pas la diffusion des bandes. Par ailleurs, la diffusion à la télévision française se fait en 625 lignes comme la majorité des pays européens et que les ÉtatsUnis emploient 525 lignes...

C - La caméra : Elle est branchée sur le magnétoscope et comprend parfois un micro incorporé ou non. L'ingénieur français JeanPierre Beauviala a inventé une caméra de la taille d'un gros stylo, la " paluche ", d'un maniement particulièrement aisé.

D - L'image noire et blanche: C'est une image basée sur la transformation optique/électronique à l'émission, électronique/optique à la réception. A l'intérieur du tube cathodique, un faisceau d'électrons, animé d'un mouvement de va-et-vient, explore toute la surface de l'image afin de définir la luminosité de chaque point.

E - L'image couleur: Ce n'est pas seulement la luminosité qui est définie, mais également la couleur de chaque point, la base de définition étant les couleurs primaires du spectre: le rouge, le bleu, le vert. Le mélange en proportions variables de ces couleurs permet de reconstituer toute la gamme du spectre, y compris le noir et le blanc. A l'intérieur d'un tube cathodique spécial pour la couleur, I'image réelle dans ses vraies nuances s'obtiendra donc par superposition.

F - Le montage: Il est possible de réaliser des montages au moyen d'un appareil luimême muni d'un dispositif automatique " I'éditing " , qui supprime les déformations d'images non désirées. On peut également brancher trois ou quatre caméras sur une table de mixage équipée de moniteurs de contrôle.
A ce dispositif de base peuvent s'ajouter des utilisations variées de synthétiseurs, de coloriseurs et même d'ordinateurs, ce qui représente une gamme presque illimitée de moyens permettant de manipuler électroniquement les images. Ainsi, une bande en noir et blanc, ou même en couleurs, préenregistrée, peut ensuite être retravaillée avec un coloriseur. Grâce aux synthétiseurs capables de générer formes et couleurs à partir de signaux électroniques et de les moduler à volonté aussi facilement que les sons, une simple modification des composants-par exemple, I'approche d'un aimant du tube cathodique- perturbe le trajet des électrons et l'on peut ainsi étirer ou rétrecir l'image à volonté.
Enfin, la synthèse d'image, c'est la création d'images artificielles qui seront d'abord définies par des courbes, des lignes ou des contours, puis par les couleurs, les textures, puis par des systèmes - translations, rotations, réflexions définies entièrement.
Le traitement d'image - utilisé très souvent par Paik dans ses " collages " - s'applique à des images préexistantes, réelles ou artificielles. Il consiste à faires subir des modifications aux éléments qui composent l'image initiale (la position des éléments de l'image, leur nature, leur luminosité). Ce traitement peut être réalisé soit de façon analogique, soit de façon numérique, selon que l'on intervient directement sur le signal vidéo couleur, soit sur les données binaires d'une image préalablement numérisée.

Histoire de l'art - Arts/Sciences/Techniques/Technologies - ENSAD 1996/97




Historique - Nam J.Paik - Analogie/Digital - Mémoire Vidéo - Vidéo/Ordinateur